Arrivée tranquille.

C'est fredonnant une chanson traditionelle inventée de toute pièce, mais fleurant bon la bierre et le saucisson à l'ail que Katja arriva à la Plaine d'Ima.

"Mein Gott, c'est ein sacré portel ici..."

Fut la première réaction de la fausse psy, à peine passé l'arche. Le vent rejettait toutes les odeurs émanations et autres fumées. Autant dire qu'assez vite, elle qui était peu habituée, commença à rire bêtement sans aucune raison, avant de se poser un temps, non loin de l'entrée, avec tout l'attirail qu'elle avait emportée.

Il faut dire qu'elle était plutôt chargée. Plus qu'elle ne pouvait en porter elle-même, heureusement, le fauteuil roulant sur lequel elle se trouvait, lui, permettait de soutenir une quantité de valises suffisante pour faire peur. Oh, bien sûr, elle avait été tentée de ramener son divan personnel, mais, il lui semblait bien que cousin hans en avait un dans l'appartement qu'il lui avait gentillement cédé.

Paix à ton âme, cousin Hans.

Ainsi installée, vu le chemin parcouru, elle attendait un peu, tranquilement, en regardant le beau temps créé de toute pièce. Mais beau quand même.

(Je profite d'être bourrée pour pouvoir jouer allègrement Luyah ! Yahoo !)

Le temps...

Bleu uniformément...

Mais les yeux de Luyah ne scutaient pas le ciel comme la jeune fille sur son fauteuil hardiment chargé... Non. Eux, ils regardaient la demoiselle en question. Etrange fille d'ailleurs. Et cette chair si... si... Indéfinissable ! Luyah voulait toucher. Toucher, tripoter, malaxer.... Rigolant de tout et de rien, la cannibale se rapprocha de la mystérieuse voyageuse.

- Hin hin hin... Hin hin hin... Hin hin hin...

Plach. Luyah s'était arrêtée et avait écrasé violemment un moustique qui essayait de lui piquer le bras. Elle l'attrapa délicatement par les ailes et l'avala.

- Beurk.

Les humains c'est meilleur, pensa t-elle tout bas. Décrochant son regard de sa cible, elle regarda à sa gauche, à sa droite avant d'oser continuer à avancer. Enfin, elle fut à quelques pas de l'étrangère.

- ... Mademoiselle ?

Tout en disant cela, elle parût presque normal. Son regard pressant observait doucement la demoiselle tandis que ses cheveux courts et blonds voletaient tranquillement dans l'air, artificiel mais frais, du matin. D'ailleurs, Luyah n'avait pas vraiment l'habitude de ce temps. Rare étaient les fois où elle se risquait à sortir de ses égoûts adorés. Certains osaient dire qu'elle avait peur du dehors. C'était faux. Elle n'aimait seulement pas croiser autant de gens dévorables, et avoir autant de lumière, qui l'éblouissait attrocement, dans les yeux. Ainsi... Pourquoi était t-elle là ? Yoshio l'avait envoyé faire une course, cependant elle ne le savait sûrement plus. Cela faisait des heures qu'elle errait en ville en examinant toute cette chair humaine de ses yeux ternes... Mais jamais la cannibale n'avait vu une peau aussi belle à voir que celle de cette créature.

- Graaaalhglalal... grimaça doucement Luyah, un sourire déformant peu à peu ses traits si purs.

Un autre rire délicat sortit de sa petite gorge.

Au fond, le ciel bleu est quelque part une grande parabole, pour nous signifier qu'on est tout minable de partout. Non pas parce qu'on est minuscule dans l'immensité de l'univers, ça on s'en balance, non. Mais surtout parce qu'on trouve ça super beau, alors qu'en fait, c'est que du bête bleu bien étalé... Mais non, on contemple, on contemple... Et on ne contemple plus une fois interrompus, certes.

"Ja, was ist denn los?"

Répondit-elle au mademoiselle qui lui était visiblement adressé, avant de baisser ses yeux sur celle qui l'avait lâché... La première pensée lui venant en tête en la voyant étant "cliente potentielle"... Faut dire qu'elle avait le physique de l'emploi. Se doutant qu'elle ne comprendrait cependant pas son premier verbiage, elle reprit d'un simple:

"Que puis-che pour fous, fraulein?"

En entrecroisant ses doigts pour prendre un air qui faisait plus psy.

[Et maintenant que je suis sobre, je ne sais pas trop comment continuer mes bêtises... ]

Le temps...

Il n'était plus bleu.

Il virait au vert cramoisi.

... Pour finir par prendre une étrange teinte (du rouge avec d'étranges reflets bleus et un peu mêlé à du vert ainsi qu'à de l'orange)... Indéfinissable !

Luyah ne le remarqua pas, ou à peine. La chair l'obnibulait. Son regard ne pouvait s'en détacher; ç'aurait été inconcevable. Une voix monta à ses oreilles et la sortit de son trip. Secouant la tête comme un chien sortant de l'eau, la cannibale revint à la "réalité" (aussi réelle qu'elle put l'être après avoir pris une bonne dizaine de trips et en s'appelant Luyah la Redoutée).

- Pardon ?

La psy reprit cette fois les mêmes mots dans une version plus compréhensible. Luyah hocha la tête, l'air de saisir enfin le problème. Ses yeux se braquèrent sur ceux de l'étrangère comme des lumières de phare.

Elle répondit sur le même ton :

- Vous pouvez peut être m'aider... Je cherche de la chaaair...